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Django Unchained (Quentin Tarantino, 2013)

In Critiques récentes on 11 février 2013 at 20:51

DJANGO-UNCHAINED-POSTER-2-XLDjango Unchained

Un film de Quentin Tarantino. USA – 2013. Avec Jamie Foxx, Christopher Waltz, Samuel L. Jackson, Leonardo DiCaprio…

Résumé : en 1858, dans le sud des États-Unis, alors que couve la guerre de Sécession, un ancien dentiste allemand reconverti en chasseur de primes libère Django, un esclave noir, et le forme afin de lui permettre de l’assister dans une mission. Pour le remercier, il décide de l’aider à libérer sa femme des mains de Calvin Candie, un riche et impitoyable propriétaire terrien du Mississippi…

Critique : j’avais de grandes craintes en allant voir Django Unchained, mais à l’évidence, le nouveau film de Quentin Tarantino a tout pour (me) séduire, notamment grâce à la sincérité dont fait preuve son réalisateur. Celui-ci avait l’habitude de réaliser des films-hommages, manipulant références, ultra-violence et traits d’humour, à destination sans doute d’un public cinéphile ou du moins « cinéphage ». Ses films survitaminés ont malheureusement trouvé en France surtout un public d’ados pourtant non familiers avec les genres parodiés (les films de kung-fu, le film noir, la blaxploitation). Tarantino a par conséquent eu tendance à en rajouter un peu, et exploiter cette image de « recycleur des genres » dans les médias.

Mais depuis Kill Bill, et surtout Inglorious Basterds, je trouve Tarantino de plus en plus sincère avec les spectateurs, renonçant à beaucoup d’esbroufe et de références surfaites pour développer un style mature, assagi ; bref, sincère. Ses films sont désormais longs, très denses et organisés autour de séquences magistrales de plus de trente ou quarante minutes (ici, le dîner chez le riche propriétaire joué par DiCaprio). En somme, on a ici à faire à un vrai film de cinéma. Bien entendu, cela n’empêche pas Django Unchained d’être présenté avant tout comme un film-hommage au western, et notamment européen : Franco Nero, l’interprète original de Django, effectue une apparition ; le personnage allemand joué par Christoph Waltz renvoie à la mythologie abondante du western allemand autour de la figure de Klaus Kinski…

Mais le film dépasse largement le simple hommage au genre. Tarantino effectue des apports majeurs et personnels à un genre déjà abondamment pastiché ; dois-je rappeler que le western spaghetti est déjà un pastiche de son aîné américain… L’arrière-plan historique est peu développé, ce qui est généralement la règle dans le western-spaghetti, mais le film développe en revanche la question de la ségrégation raciale et de l’esclavage en brossant un portrait du Sud édifiant mais jamais complaisant. Cela se manifeste au travers de personnages particulièrement complexes, comme celui du « négrier noir » joué par Samuel L. Jackson. De même, le personnage de Django, qui semble fade au début, se révèle rapidement très retors, notamment lorsqu’il joue le raciste. Le personnage joué par DiCaprio est quant à lui un modèle de vice : obséquieux au possible, inhumain sous des traits angéliques, il est au sommet de son art et trouve là un de ses plus grands rôles.

Néanmoins, je regrette encore la présence de défauts qui me gênent dans tous les films de Tarantino, bien qu’ils tendent à disparaître. Il peine toujours à se défaire de l’envie que toutes les scènes deviennent cultes dès la sortie du film. On se retrouve ainsi avec des plans vraiment « too much », avec du gangsta rap pour donner un effet décalé, ou des zooms façon Sergio Leone mais qui ne servent pas la narration ; bref, de la décoration. Autre déception : le personnage joué par Waltz, assez sympathique mais qui est totalement calqué sur celui du nazi polyglotte et cultivé d’Inglourious Basterds, à ceci près qu’il est désormais gentil. Vous l’aurez compris, la libération finale dans une orgie de violence, fin classique des films de Tarantino, n’est pas ce qu’il y a de plus réussi dans le film. En revanche, la scène du dîner est un monument de suspense auquel Tarantino, davantage coutumier des déchaînements d’ultra-violence, ne nous avait guère habitués.

La note : 17/20.

Cyril

  1. Un très bon film, avec en effet, une approche intéressante pour ce dernier cru, qui met en avant une période douloureuse de l’histoire américaine, période qui connait sa résurrection en ce moment (12 Year a Slave…), le tout à la sauce Tarantino, épicé, poivré, un peu too much peut-être, comme tu le dis justement, mais jouissif !

    Comment ça va à part ça ? Donne moi de tes nouvelles, vieux sacripant !

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