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Quelques heures de printemps (Stéphane Brizé, 2012)

In Critiques récentes on 15 octobre 2012 at 00:00

Quelques heures de printemps

 

Un film de Stéphane Brizé – 2012 – France. Avec Hélène Vincent, Vincent Lindon, Emmanuelle Seigner…

Résumé : le nouveau film de Stéphane Brizé met en scène le suicide volontaire d’une mère, Yvette Evrard, accompagnée de son fils, Alain, qui sort de prison et essaye de retrouver une vie normale, avec un emploi, un logement, une compagne. Bienvenue dans la comédie de l’année !

Critique : dire que Quelques heures de printemps est un film austère est peu dire. C’est un film très austère, dont les rares paroles doivent être à peu près toutes présentes dans la bande annonce. Le sujet du film fait grand bruit, censé provoqué un « débat citoyen » sur la question du suicide assisté. Or, la question n’est pour ainsi dire pas posée dans le film, car jamais cette décision n’est motivée, expliquée, ou même débattue entre les deux protagonistes principaux. Lorsque Alain découvre les papiers dans le tiroir de sa mère, sans doute laissé là exprès pour qu’il en prenne connaissance, aucune émotion ne surgit. Le lendemain, il échange avec elle les rares paroles qu’ils auront à ce sujet : « Au moins ça fait une chose que je décide. » C’est donc pour décider, que cette femme, très autoritaire avec les autres (son fils, son voisin), mais aussi avec elle-même (la maniaquerie qu’elle met à nettoyer son intérieur sans doute un reflet de son âme), met fin à ses jours. La cancérologue, un personnage très doux, n’encourage pas le geste, mais ne le condamne pas, dit le comprendre et à demi mot l’approuve.

L’enjeu – on le perçoit entre les lignes – c’est la dignité. Dans tous les recoins de ce film se pose la question de la dignité : dignité perdue par son fils lorsqu’il a fait passer de la drogue dans son camion (ce que sa mère ne lui pardonnera pas puisqu’elle n’est pas venue le voir en prison semble-t-il), dignité face à la maladie surtout. Elle ne veut pas finir folle de souffrance, dépossédée de ses facultés, comme son mari a fini, comprend-t-on dans la dernière séquence du film. Cette femme très dure, petite, droite, au chignon parfait, qui ne veut pas perdre la face et préfère empoisonner son chien plutôt que demander pardon à son fils pour le faire revenir chez elle, refuse tout éclat, toute effusion, tous sentiments même semble-t-il. Il n’y a qu’à voir la tendresse qu’elle refuse à son fils, mais à son voisin aussi, prêt à l’aimer sans doute… Elle fixe la date de sa mort avec un détachement très froid, met les dernières pièces à son puzzle, mange un dernier cake avec son ami pour lui dire au revoir.

Le personnage de Vincent Lindon, en plus d’être l’accompagnant muet du geste de sa mère, apporte un peu de lumière au scénario. Le schéma du film est binaire : un personnage meurt, un personnage renaît. Cette résurrection ne se fait pas sans heurts, avec la société qui ne lui propose à la sortie de prison qu’un boulot à la chaîne dans une usine de tri, mais avec les autres surtout, sa mère bien sûr, et cette femme jouée par Emmanuelle Seigner, avec qui il a de la peine à s’ouvrir. L’histoire sentimentale offre des trop rares moments de répit au spectateur, même si elle manque un peu d’intensité à mon goût.

En conclusion, je trouve le film beau, mais un peu aride. Il aurait bénéficié d’un peu moins de sécheresse dans la forme, un peu plus d’émotions dans le fond… Peut-être également que la dernière scène aurait mérité un peu plus de pincettes (sans surprise, le suicide est filmé durant un long plan séquence sans fioritures)… Scène marquante, mais un peu choquante.. Je n’exclus pas pour autant d’être un peu passée à côté !

La note : 12 / 20.

Pauline

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